Sophie Puissant Grenigas
Messages : 668 Date d'inscription : 22/12/2011 Age : 25
| Sujet: Re: What's the phoque ?! Lun 20 Fév 2012 - 21:19 | |
| Parlons des bananes je commence : x)
Desciption.
( Musa spp. Angl : banana )
Originaire du Sud-Est asiatique, de la famille des Musacées, il en existe des centaines de variétés, minuscules ou très grosses, comestibles ou non. Pour prendre un exemple, simplement aux Seychelles, on en compte une trentaine de comestibles du jaune au vert en passant par le rouge sombre. Certaines sont considérées comme des légumes (comme la plantain), d'autres comme des fruits, communément appelées bananes-desserts. Aux îles Seychelles, les noms créoles sont savoureux et, pour différencier les différentes variétés on dira bannann dezire, bannann gros misel, etc. Aux Antilles françaises, on l'appelle " figue ". Le mot banana vient du Bantou et est sans doute dérivé de l'arabe banan qui signifie " doigt, orteil ".
Le bananier est une plante herbacée qui peut atteindre de 3 à 10 m de haut avec de grandes feuilles de 3 m de long et de 50 cm de largeur. C'est même la plus grande herbe que l'on connaisse avec le bambou, mais ce dernier a une tige ligneuse à l'inverse du bananier. Les bananiers sont donc les plus grandes herbes du règne végétal. Ils se perpétuent par bourgeonnement de la souche; les pousses se développent, fructifient, puis se dessèchent et meurent, suivies par d'autres plus jeunes vouées au même sort. Ainsi de rejet en rejet, s'affirme la pérennité de la plante. Le cycle de croissance de la plante est très rapide et son existence ne dépasse pas une année. Les bases épaisses des feuilles s'entrecroisent de façon régulière et serrée en s'enroulant les unes sur les autres et en se recouvrant mutuellement pour former un " pseudo-tronc ". Les longs pétioles qui s'engainent les uns dans les autres sont très riches en eau. En appuyant sur un moignon de stipe, on fait suinter des quantités d'eau impressionnantes. Les bananes se développent en un an par parthogenèse sur la tige florale, après la floraison de fleurs pourpres. Un régime peut compter de 100 à 400 bananes. Au moment où l'on coupe le régime, les bananes ne sont pas encore parvenues à maturité : elles sont vertes et regroupées sur le régime en séries que l'on appelle " mains de bananes " car elles y sont disposées comme les doigts d'une main. La maturation s'effectue pendant le transport.
roduction La banane dessert occupe le deuxième rang du marché mondial des fruits, derrière les oranges et devant le raisin. Avec une production de 57 millions de tonnes en 1997, c'est une source importante de revenus pour de nombreux pays d'Afrique, d'Amérique latine, de la Caraïbe et du Pacifique. Près de 52 millions de tonnes de bananes desserts et 27 millions de tonnes de bananes plantains sont produites annuellement. Si les premiers producteurs mondiaux de bananes desserts, le Brésil et l'Inde, consomment la totalité de leur récolte, les quelque 11 millions de tonnes exportées alimentent une guerre commerciale de plus en plus âpre. C'est notamment le cas du marché européen, l'un des plus importants et des plus rentables, qui absorbe chaque année 3,9 millions de tonnes: 850 000 tonnes de production communautaire en provenance des îles Canaries (420 000 tonnes), de Martinique (220 000 tonnes) et de Guadeloupe (150 000 tonnes); 857 000 tonnes venant de pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, dits ACP, liés à l'Europe dans le cadre des conventions de Lomé; et 2,5 millions de tonnes des pays latino-américains, dont les bananes, dites bananes dollars, sont commercialisées par des firmes principalement américaines. Les deux tiers de ces 11 millions de tonnes sont vendus par trois multinationales qui contrôlent toute la filière: deux américaines, United Brands Company (Chiquita) et Castel & Cooke (Dole), et une mexicaine (Del Monte).
Premier importateur mondial, l'Union européenne draine un tiers des échanges. Elle entretient des accords préférentiels avec 70 pays de la zone ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique).
Si l'’Union Européenne garantit aux planteurs de la Communauté un marché d’environ 850 000 tonnes par an, elle garantit le même volume d’importation hors taxes aux pays en voie de développement de la Conférence Afrique-Caraibes-Pacifique (ACP). Le reste du marché européen — qui représente 2,6 millions de tonnes supplémentaires — est essentiellement aux mains de sociétés américaines. Leurs " bananes en dollars " proviennent essentiellement d’Amérique latine et coûtent 500 FF de plus par tonne en raison des taxes d’importation (taxes douanières).
La Guerre De La Banane
M. Robert Dole parle d'or: " Quand des intérêts catégoriels vous versent de l'argent, ils attendent de vous autre chose qu'un bon fonctionnement du système politique.". Quand M. Carl Lindner, président d'un conglomérat géant qui s'occupe à la fois d'assurances, de médias et de bananes, (Chiquita Brands International) verse 225 000 dollars aux bonnes œuvres politiques personnelles du dirigeant républicain (et 160 000 dollars à son parti), l'investissement paraît plus que rentable.
Ainsi, en automne 1996, alors que la " bataille du budget " faisait rage au Congrès et que la guerre couvait encore en Bosnie, M. Dole annonça à des collègues du Sénat, un peu interloqués, que sa " principale priorité " serait de faire quelque chose à propos des " politiques injustes [de l'Union européenne] sur la banane " en défaveur de la Colombie, le Costa Rica, le Venezuela et le Nicaragua.
Si l’Europe ne donne plus la préférence aux " bananes en francs ", elles ne trouveront plus leur place sur le marché. Un kilo de lui revient, transport compris, 4,40 FF explique-t-il, alors que la concurrence américaine ne dépasse pas 3,60 FF (en raison de coûts salariaux plus faibles, de l’absence de protection sociale et, partiellement, des difficultés liées au relief montagneux de l’île). D'où la guerre de la banane ! Les négociations commerciales se suivent et se ressemblent. Les États-Unis ont tenté le 10 novembre 1998 un nouveau coup de force en attaquant de front le système de quotas d'importation de la banane mis en place par l'Union européenne pour protéger ses départements d'Outremer ainsi que ses partenaires de l'ACP. Si ce système n'était pas modifié d'ici à la fin de l'année, ils se proposaient d'imposer des droits de douanes de 100% sur une liste considérable de produits parmi lesquels les fromages de brebis, des crèmes épilatoires, du prêt-à-porter et de l'électroménager sans oublier les hosties et les vins. On leur laisserait volontiers les crèmes épilatoires, mais pas touche à nos vins et à notre roquefort ! De son côté, Bruxelles déclarait qu’elle n’accepterait la proposition américaine d’un arbitrage rapide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) que si Washington retirait sa menace de sanctions unilatérales. On a vu à Bruxelles les représentants de certains groupes d'intérêts donner des ordres aux parlementaires depuis la tribune, et on a vu également arriver des amendements rédigés sur du papier à en-tête de certaines multinationales.
A la Commission, une énième mouture d’une OCM-banane (organisation commune de marché) est en cours d’élaboration. Elle prévoit un contingent de 2,5 millions de tonnes pour les bananes originaires de la zone dollar. En revanche, les pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique) et, singulièrement, africains, font les frais de la nouvelle version. Leur contingent, partiellement transférable entre eux, tombe de 857.000 à 560.000 tonnes. Ce tonnage se calcule sur la base des années antérieures à 1998. Cette solution satisfait Antillais et Américains. Le contingent de 857 700 tonnes a été maintenu pour les importations des pays ACP traditionnels, sans paiement de droits à l'importation. Cependant, au contraire de l'ancien système, une allocation spécifique par pays n'est désormais plus prévue dans cette catégorie. Autrement dit, les pays ACP traditionnels qui approvisionnent le marché de la CE en bananes sont en concurrence entre eux, l'unique limitation au volume de bananes des pays ACP traditionnels qui peut entrer sur ce marché étant la quantité globale de 857 700 tonnes.
Écologie
La monoculture intensive du bananier nécessite de gros investissements. Elle repose sur une base génétique étroite : trois variétés du sous-groupe Cavendish dominent l'ensemble du marché. Pour exprimer pleinement leur potentiel, celles-ci requièrent de nombreuses interventions humaines, consomment des doses importantes d'engrais et surtout de produits phytosanitaires. Le respect rigoureux des normes et une bonne maîtrise de l'usage des intrants sont donc indispensables pour éviter de porter atteinte au milieu naturel, voire, dans certains cas, à la santé de l'homme. L'accumulation de matériaux non dégradables, de sous-produits, d'eaux usées des stations de conditionnement génère d'autres nuisances. En 1992, le 21 février, le Tribunal international de l'eau, réuni à Amsterdam, a condamné la compagnie bananière Standard Fruit pour avoir causé d'importants dégâts à l'environnement sur la côte atlantique du Costa-Rica. Il a jugé que l'emploi massif de pesticides par la multinationale polluait gravement les eaux de la rivière Estrella, et mettait en péril le récif de corail de Cahuita, situé à 15 kilomètres au sud de l'embouchure de la rivière. Il exhortait la compagnie à réduire ses épandages de produits chimiques, à reboiser les zones dévastées, et à ne pas abuser de son pouvoir économique aux dépens des populations locales.
Malgré le resserrement de contrôles d'exportation, l'industrie bananière continue d'utiliser des pesticides interdits, ou d'usage sévèrement restreint dans les pays occidentaux. D'où les intoxications de travailleurs (plus de 500 cas d'ouvriers costariciens, devenus stériles à cause du dibromochloro-propane dans les années 70, traînent encore devant les tribunaux américains).
Le Monde Diplomatique, en juin 1999 a publié une enquête : Chiquita. Révélations sur les pratiques d'une multinationale. Les témoignages des employés de Chiquita, la plus grosse compagnie bananière du monde, y révèlent des conditions de travail atroces, des épandages de pesticides dangereux pour les ouvriers et pour l'environnement. Un monde de sociétés écrans, de fraudes fiscales, de détournement des législations locales sur la propriété agraire et sur les contrats de travail, de corruption de ministres ou même de fonctionnaires européens, d'entraves aux syndicats, de manipulations politiques, d'enquêtes de la SEC (Securities and Exchange Commission des États-Unis, qui contrôle les opérations boursières), voire de suicides, d'assassinats jusqu'à la destruction d'un village hondurien par l'armée pour que prospère la culture de la banane.
Le Financial Times a publié un article intitulé " Quand une multinationale glisse sur la peau de banane d’une ONG ". On y voit comment la compagnie Del Monte a finalement cédé à la pression de l’association britannique Banana Link. La multinationale reconnaît désormais les syndicats sur ses plantations au Costa Rica.
En août dernier, l’arrivée d’un minibus au siège britannique de la compagnie bananière Del Monte a constitué une étape décisive dans la campagne lancée contre cette multinationale. Le véhicule transportait des militants du mouvement en faveur de l’amélioration des droits des salariés dans le secteur. Les lettres qu’ils avaient adressées à Del Monte pour solliciter une rencontre étaient restées sans réponse. Ils avalent donc décidé de livrer une tonne de peaux de banane à la compagnie.
Fin décembre, après une nouvelle campagne des ONG en Europe, la compagnie et le syndicat costaricain ont conclu un accord qui stipule qu’ils se doivent le respect mutuel et qui reconnaît aux syndicats le droit de syndiquer librement les employés sur les plantations de Del Monte.
Les activistes préparent une nouvelle campagne contre Chiquita, la plus grosse compagnie bananière du monde.
La pression des organisations non gouvernementales, des syndicats et des consommateurs a conduit certaines firmes à promouvoir une image plus positive de la production. En 1997, la fondation indépendante Max Havelaar a proposé d'appliquer à la banane le principe du produit commercialement équitable, déjà présent sur les marchés du café et du cacao. Une enquête menée par l'Union européenne auprès des consommateurs a montré que ce concept, qui répondrait à une attente, pourrait toucher un marché de 300 000 à 400 000 tonnes en Europe, à côté des quatre millions de tonnes déjà importées. Le Cirad, fort de ses acquis sur le terrain aux Antilles depuis les années 70, apporte son appui scientifique à cette démarche. | |
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Elpha Seigneur Mukraju
Messages : 348 Date d'inscription : 02/11/2011 Age : 112
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